Pistes multiples contre la sclérose en plaques
Mots clés : sclérose en plaques, santé
Par Nathalie Szapiro-Manoukian
25/05/2010 | Mise à jour : 08:30 Réagir
De nouveaux médicaments arrivent bientôt sur le marché avec des progrès notables.
C'est en général entre 20 et 40 ans que la sclérose en plaques (SEP) apparaît, à l'âge justement où l'on a des projets plein la tête. Mais lorsque la maladie frappe - une nouvelle personne toutes les quatre heures - elle remet en cause certains projets, sans que cela soit forcément justifié. Par exemple, l'évolution naturelle de la maladie n'est pas influencée par les grossesses qui restent donc possibles. Mais les idées reçues ont la vie dure, au grand dam des premiers concernés, les malades, qui comptent sur la Journée mondiale de la SEP, le 26 mai 2010, pour changer l'image trop négative de cette affection.
Rôle de leurre
Pendant les premières années de la maladie, des cellules de l'immunité censées nous protéger des microbes traversent la barrière qui les sépare du cerveau - la barrière hémato-méningée - pour détruire la gaine (de myéline) entourant les nerfs. Quand elle est lésée, la transmission de l'influx nerveux est gênée d'autant, d'où l'apparition de symptômes sensitifs ou moteurs, en fonction des zones atteintes (troubles de la mobilité d'une jambe, vision double, difficultés sensorielles…). Tous les médicaments - ceux disponibles et ceux en préparation - ont pour but d'empêcher ce phénomène. Chacun à leur façon.
C'est le cas des interférons qui empêchent les cellules de l'immunité de traverser la barrière hémato-méningée. Tout comme celui de la copaxone : cette protéine qui ressemble à la protéine de la myéline à laquelle les cellules immunitaires s'attaquent, joue le rôle de leurre. «Ces immunomodulateurs diminuent d'environ 30 % le risque de poussées et de handicap. Hormis le fait qu'il s'agit de traitements injectables, ils sont plutôt bien tolérés», précise le Pr Patrick Hautecœur, chef du service de neurologie du centre hospitalier Saint-Philibert à Lille.
En cas de résultats insuffisants, les neurologues peuvent prescrire des anticorps monoclonaux comme le natalizumab. Injectés à l'hôpital par intraveineuse, à raison d'une demi-journée par mois, ils diminuent jusqu'à 70 % le nombre des poussées et de 90 % les nouvelles inflammations actives, visibles à l'IRM. Ils peuvent provoquer une infection secondaire rare mais grave au niveau du cerveau : la leucoencéphalite multifocale progressive (LEMP). Dans le monde, sur 70.000 patients traités, 40 en ont été victimes et 10 en sont décédés. Ce traitement n'est donc prescrit qu'en seconde intention. C'est aussi le cas d'un immunosuppresseur autrefois utilisé dans le cancer du sein : la mitoxantrone. Il agit en supprimant les cellules de l'immunité incriminées. Mais il n'est pas possible de dépasser un nombre restreint de perfusions sans risquer une insuffisance cardiaque et, plus rarement, une leucémie…
Nombreux effets secondaires
Dès l'an prochain, devraient arriver deux nouveaux immunosuppresseurs : la cladribine et le fingolimod. Le premier pousse certaines cellules de l'immunité à s'autodétruire et le second les paralyse. Les deux médicaments sont disponibles par voie orale. Les résultats des essais indiquent qu'ils diminuent la fréquence des poussées de 70 %, stabilisant les lésions cérébrales. Sur le plan des effets secondaires, ils s'accompagnent d'un risque infectieux non anodin, voire d'un léger risque accru (non démontré) de certains cancers : peau, ovaires, pancréas. «De quoi inciter à la prudence, d'autant qu'on a seulement deux ou trois ans de recul avec ce type de molécule», note le Dr Jean-Christophe Ouallet, neurologue au CHU de Bordeaux.
Des anticorps monoclonaux devraient bientôt arriver et notamment l'alemtuzumab, qui serait disponible en 2012. Beaucoup plus efficace que l'interféron en termes de résultats, il soulève de nombreuses questions quant à sa tolérance. Il pourrait provoquer de rares inflammations de la thyroïde ou une chute des plaquettes sanguines (indispensables à la coagulation). C'est pourquoi lui aussi, sera probablement réservé aux SEP sévères d'emblée, au moins dans les premières années de mise sur le marché.
Il reste à résoudre l'épineux problème des malades présentant déjà des séquelles. Aux États-Unis, la dalfampridine a reçu son autorisation de commercialisation. Ce pourrait être le cas en France en 2011, mais cette molécule peut d'ores et déjà être obtenue via une demande spéciale émanant du neurologue. Indiquée chez les patients ayant des troubles de la marche (et en l'absence d'insuffisance rénale), ce médicament agit en bloquant la fuite du potassium dans les fibres abîmées, afin de limiter la perte de l'influx nerveux.
«L'idéal serait bien sûr de réparer la gaine du nerf lésé, poursuit le Pr Hautecœur, c'est pourquoi la recherche sur les cellules souches se poursuit. Injectées dans le cerveau de souris, elles ont donné de bons résultats. Mais les premiers essais chez l'homme ont été jusqu'ici décevants, ce qui montre qu'on ne maîtrise pas encore la méthode. La recherche mondiale continue avec l'espoir d'y arriver enfin dans les cinq à dix ans à venir.»
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Par Nathalie Szapiro-Manoukian
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25/05/2010 | Mise à jour : 08:30 Réagir
De nouveaux médicaments arrivent bientôt sur le marché avec des progrès notables.
C'est en général entre 20 et 40 ans que la sclérose en plaques (SEP) apparaît, à l'âge justement où l'on a des projets plein la tête. Mais lorsque la maladie frappe - une nouvelle personne toutes les quatre heures - elle remet en cause certains projets, sans que cela soit forcément justifié. Par exemple, l'évolution naturelle de la maladie n'est pas influencée par les grossesses qui restent donc possibles. Mais les idées reçues ont la vie dure, au grand dam des premiers concernés, les malades, qui comptent sur la Journée mondiale de la SEP, le 26 mai 2010, pour changer l'image trop négative de cette affection.
Rôle de leurre
Pendant les premières années de la maladie, des cellules de l'immunité censées nous protéger des microbes traversent la barrière qui les sépare du cerveau - la barrière hémato-méningée - pour détruire la gaine (de myéline) entourant les nerfs. Quand elle est lésée, la transmission de l'influx nerveux est gênée d'autant, d'où l'apparition de symptômes sensitifs ou moteurs, en fonction des zones atteintes (troubles de la mobilité d'une jambe, vision double, difficultés sensorielles…). Tous les médicaments - ceux disponibles et ceux en préparation - ont pour but d'empêcher ce phénomène. Chacun à leur façon.
C'est le cas des interférons qui empêchent les cellules de l'immunité de traverser la barrière hémato-méningée. Tout comme celui de la copaxone : cette protéine qui ressemble à la protéine de la myéline à laquelle les cellules immunitaires s'attaquent, joue le rôle de leurre. «Ces immunomodulateurs diminuent d'environ 30 % le risque de poussées et de handicap. Hormis le fait qu'il s'agit de traitements injectables, ils sont plutôt bien tolérés», précise le Pr Patrick Hautecœur, chef du service de neurologie du centre hospitalier Saint-Philibert à Lille.
En cas de résultats insuffisants, les neurologues peuvent prescrire des anticorps monoclonaux comme le natalizumab. Injectés à l'hôpital par intraveineuse, à raison d'une demi-journée par mois, ils diminuent jusqu'à 70 % le nombre des poussées et de 90 % les nouvelles inflammations actives, visibles à l'IRM. Ils peuvent provoquer une infection secondaire rare mais grave au niveau du cerveau : la leucoencéphalite multifocale progressive (LEMP). Dans le monde, sur 70.000 patients traités, 40 en ont été victimes et 10 en sont décédés. Ce traitement n'est donc prescrit qu'en seconde intention. C'est aussi le cas d'un immunosuppresseur autrefois utilisé dans le cancer du sein : la mitoxantrone. Il agit en supprimant les cellules de l'immunité incriminées. Mais il n'est pas possible de dépasser un nombre restreint de perfusions sans risquer une insuffisance cardiaque et, plus rarement, une leucémie…
Nombreux effets secondaires
Dès l'an prochain, devraient arriver deux nouveaux immunosuppresseurs : la cladribine et le fingolimod. Le premier pousse certaines cellules de l'immunité à s'autodétruire et le second les paralyse. Les deux médicaments sont disponibles par voie orale. Les résultats des essais indiquent qu'ils diminuent la fréquence des poussées de 70 %, stabilisant les lésions cérébrales. Sur le plan des effets secondaires, ils s'accompagnent d'un risque infectieux non anodin, voire d'un léger risque accru (non démontré) de certains cancers : peau, ovaires, pancréas. «De quoi inciter à la prudence, d'autant qu'on a seulement deux ou trois ans de recul avec ce type de molécule», note le Dr Jean-Christophe Ouallet, neurologue au CHU de Bordeaux.
Des anticorps monoclonaux devraient bientôt arriver et notamment l'alemtuzumab, qui serait disponible en 2012. Beaucoup plus efficace que l'interféron en termes de résultats, il soulève de nombreuses questions quant à sa tolérance. Il pourrait provoquer de rares inflammations de la thyroïde ou une chute des plaquettes sanguines (indispensables à la coagulation). C'est pourquoi lui aussi, sera probablement réservé aux SEP sévères d'emblée, au moins dans les premières années de mise sur le marché.
Il reste à résoudre l'épineux problème des malades présentant déjà des séquelles. Aux États-Unis, la dalfampridine a reçu son autorisation de commercialisation. Ce pourrait être le cas en France en 2011, mais cette molécule peut d'ores et déjà être obtenue via une demande spéciale émanant du neurologue. Indiquée chez les patients ayant des troubles de la marche (et en l'absence d'insuffisance rénale), ce médicament agit en bloquant la fuite du potassium dans les fibres abîmées, afin de limiter la perte de l'influx nerveux.
«L'idéal serait bien sûr de réparer la gaine du nerf lésé, poursuit le Pr Hautecœur, c'est pourquoi la recherche sur les cellules souches se poursuit. Injectées dans le cerveau de souris, elles ont donné de bons résultats. Mais les premiers essais chez l'homme ont été jusqu'ici décevants, ce qui montre qu'on ne maîtrise pas encore la méthode. La recherche mondiale continue avec l'espoir d'y arriver enfin dans les cinq à dix ans à venir.»
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