Les labos proposent le «satisfait ou remboursé»
Dans certains pays, les fabricants se sont engagés à baisser les prix si les médicaments n’apportaient pas aux patients les effets escomptés.
Depuis une semaine, la polémique fait rage en Grande-Bretagne autour des traitements contre la sclérose en plaques. L’autorité de santé britannique avait signé en 2002 un accord stipulant que si les médicaments n’apportaient pas aux patients les effets escomptés, les fabricants s’engageaient à en baisser le prix. Sept ans après, les produits sont beaucoup moins efficaces qu’annoncé… mais aucune réduction de tarif n’a été appliquée.
Ce type de programme s’est pourtant multiplié outre-Manche, en Italie et dans bon nombre d’autres pays. Dans le cas de l’anticancéreux Velcade, commercialisé par le laboratoire Janssen-Cilag, le contrat va jusqu’au remboursement des médicaments aux autorités britanniques pour chaque patient dont la santé ne s’améliore pas.
Aux États-Unis, Sanofi-Aventis a proposé un autre mécanisme original à des assureurs santé. Si les patientes qui utilisent son médicament contre l’ostéoporose Actonel se fracturent un os, le laboratoire rembourse les coûts liés aux soins de la fracture aux assureurs.
La France est plutôt «frileuse face aux systèmes de partage du risque», estime Vincent Genet, directeur de l’activité santé du cabinet Alcimed. Le Comité économique des produits de santé (CEPS) a joué le jeu deux à trois fois. Il a alors accordé un prix élevé à des médicaments, en espérant qu’ils se révéleraient plus efficaces que ne le laissaient penser les études. L’un des programmes, destiné aux diabétiques de type 2, s’est traduit par un échec. Conformément aux accords, le laboratoire (dont le nom est jalousement tenu secret) a alors dû rembourser la Sécurité sociale. De toute façon, «le recours à cette méthode ne devrait pas être nécessaire si les médicaments ont été développés convenablement», estime Noël Renaudin, président du CEPS.
Réticentes à parier sur l’efficacité d’un traitement, les autorités de santé de l’Hexagone préfèrent jouer sur les clauses de posologie et sur les volumes. Dans l’hypertension, où le dosage adéquat peut être inconnu au départ, des accords fixent ainsi à l’avance le coût du traitement… Et prévoient des ajustements de tarifs s’il s’avère que les doses nécessaires sont plus importantes qu’estimées. «Davantage que de partage, il s’agit là de suppression du risque», se félicite Noël Renaudin.
250 millions d’euros restitués par les labos
Pour les produits très innovants, qui apportent un véritable progrès thérapeutique, les groupes pharmaceutiques obtiennent des prix de vente assez élevés, calés généralement sur les tarifs pratiqués en Grande-Bretagne et en Allemagne, à certaines conditions. Ils doivent notamment respecter des engagements de volumes. Il en découle que, si le nombre de boîtes de médicaments vendues est supérieur aux prévisions, les laboratoires versent des remises à la Sécurité sociale. En moyenne, 250 millions d’euros sont ainsi restitués chaque année par les laboratoires à la Sécurité sociale. Un peu plus même si l’on prend en compte la pénalité (53 millions l’an dernier) que l’ensemble de l’industrie pharmaceutique doit reverser si la croissance des dépenses de médicaments est supérieure aux prévisions validées chaque année par le Parlement.
Les pratiques évoluent lentement mais sûrement. Les laboratoires justifient de plus en plus les prix élevés de leurs nouveaux produits par les économies de soins engendrées. «Ces arguments sont valables pour les dispositifs médicaux, mais rarement fondés pour les médicaments», nuance Noël Renaudin. Le patron du CEPS estime ainsi que «si les antiulcéreux ont vidé les services de gastrochirurgie, ils n’ont pas généré d’économies, à force d’être prescrits en masse ». Le CEPS s’apprête pourtant à accorder un prix élevé à un médicament qui a démontré, une fois n’est pas coutume, qu’il réduit notablement le nombre de journées d’hospitalisation.
A.BOH
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Dans certains pays, les fabricants se sont engagés à baisser les prix si les médicaments n’apportaient pas aux patients les effets escomptés.
Depuis une semaine, la polémique fait rage en Grande-Bretagne autour des traitements contre la sclérose en plaques. L’autorité de santé britannique avait signé en 2002 un accord stipulant que si les médicaments n’apportaient pas aux patients les effets escomptés, les fabricants s’engageaient à en baisser le prix. Sept ans après, les produits sont beaucoup moins efficaces qu’annoncé… mais aucune réduction de tarif n’a été appliquée.
Ce type de programme s’est pourtant multiplié outre-Manche, en Italie et dans bon nombre d’autres pays. Dans le cas de l’anticancéreux Velcade, commercialisé par le laboratoire Janssen-Cilag, le contrat va jusqu’au remboursement des médicaments aux autorités britanniques pour chaque patient dont la santé ne s’améliore pas.
Aux États-Unis, Sanofi-Aventis a proposé un autre mécanisme original à des assureurs santé. Si les patientes qui utilisent son médicament contre l’ostéoporose Actonel se fracturent un os, le laboratoire rembourse les coûts liés aux soins de la fracture aux assureurs.
La France est plutôt «frileuse face aux systèmes de partage du risque», estime Vincent Genet, directeur de l’activité santé du cabinet Alcimed. Le Comité économique des produits de santé (CEPS) a joué le jeu deux à trois fois. Il a alors accordé un prix élevé à des médicaments, en espérant qu’ils se révéleraient plus efficaces que ne le laissaient penser les études. L’un des programmes, destiné aux diabétiques de type 2, s’est traduit par un échec. Conformément aux accords, le laboratoire (dont le nom est jalousement tenu secret) a alors dû rembourser la Sécurité sociale. De toute façon, «le recours à cette méthode ne devrait pas être nécessaire si les médicaments ont été développés convenablement», estime Noël Renaudin, président du CEPS.
Réticentes à parier sur l’efficacité d’un traitement, les autorités de santé de l’Hexagone préfèrent jouer sur les clauses de posologie et sur les volumes. Dans l’hypertension, où le dosage adéquat peut être inconnu au départ, des accords fixent ainsi à l’avance le coût du traitement… Et prévoient des ajustements de tarifs s’il s’avère que les doses nécessaires sont plus importantes qu’estimées. «Davantage que de partage, il s’agit là de suppression du risque», se félicite Noël Renaudin.
250 millions d’euros restitués par les labos
Pour les produits très innovants, qui apportent un véritable progrès thérapeutique, les groupes pharmaceutiques obtiennent des prix de vente assez élevés, calés généralement sur les tarifs pratiqués en Grande-Bretagne et en Allemagne, à certaines conditions. Ils doivent notamment respecter des engagements de volumes. Il en découle que, si le nombre de boîtes de médicaments vendues est supérieur aux prévisions, les laboratoires versent des remises à la Sécurité sociale. En moyenne, 250 millions d’euros sont ainsi restitués chaque année par les laboratoires à la Sécurité sociale. Un peu plus même si l’on prend en compte la pénalité (53 millions l’an dernier) que l’ensemble de l’industrie pharmaceutique doit reverser si la croissance des dépenses de médicaments est supérieure aux prévisions validées chaque année par le Parlement.
Les pratiques évoluent lentement mais sûrement. Les laboratoires justifient de plus en plus les prix élevés de leurs nouveaux produits par les économies de soins engendrées. «Ces arguments sont valables pour les dispositifs médicaux, mais rarement fondés pour les médicaments», nuance Noël Renaudin. Le patron du CEPS estime ainsi que «si les antiulcéreux ont vidé les services de gastrochirurgie, ils n’ont pas généré d’économies, à force d’être prescrits en masse ». Le CEPS s’apprête pourtant à accorder un prix élevé à un médicament qui a démontré, une fois n’est pas coutume, qu’il réduit notablement le nombre de journées d’hospitalisation.
A.BOH
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