Octobre 2008: sur le blog de J-D Flaysakier (anciennement A2)
Sclérose en plaques : l'alemtuzumab n'est pas un miracle.
lundi 27 octobre 2008 :
La présentation de résultats d’essais cliniques dans des pathologies telles la sclérose en plaques suscite toujours beaucoup d’émois. Une évaluation des effets de l’alemtuzumab n’a pas échappé à la règle. Pourtant les effets secondaires sérieux ne font pas de ce produit un choix thérapeutique évident en première intention.
Des rechutes moins fréquentes qu’avec l’interféron beta-1, des images par résonance magnétique qui montrent une amélioration, une gène moindre comparée à l’interféron, il est évident que l’essai britannique comparant l’alemtuzumab à l’interféron beta-1 ne pouvait que générer des espoirs.
Mais et le « mais » n’est pas négligeable, il s’agit tout d’abord d’un essai de phase 2 sur 334 patients. Or, pour avaliser les résultats d’une évaluation thérapeutique, on doit passer en phase 3 et inclure plusieurs milliers de patients.
Mais il y a un autre point non négligeable qui explique que les spécialistes aient quelques réticences vis à vis de l’alemtuzumab, ce sont les effets secondaires.
Il faut d’abord rappeler que l’évaluation a été interrompue à la suite de la survenue chez les patients traités par ce produit d’un accident très grave, un purpura thrombopénique d’origine immunologique. L’un des patients en est mort. Cet accident correspond à une destruction des plaquettes sanguines, cellules indispensables à la coagulation et dont la destruction peut entrainer des hémorragies massives.
On a donc constaté 3 % de cas de purpura chez les patients traités avec cette molécule contre 1 % chez ceux recevant l’interféron. Mais les maladies auto-immunes de la thyroïde ont concerné 23 % du groupe traité par alemtuzumab contre 3 % pour le groupe interféron. Quant aux infections, là encore les résultats sont en défaveur de l’alemtuzumab, 66 % contre 47 %.
Il faudra donc comprendre ce qui se passe et avoir des indicateurs de risque solides afin d’éviter des complications qui se sont révélées très lourdes pour certains patients et mortelles dans au moins un cas.
D’ailleurs les auteurs de l’étude posent eux-mêmes la question de l’opportunité d’exposer des sujets jeunes dont le handicap est somme toute peu important à un produit dont les effets secondaires peuvent s’avérer très sévères.
Il faut donc se méfier des interprétations et des extrapolations rapides qui feraient de l’alemtuzumab le médicament tant attendu dans la sclérose en plaques.
Dans l’état actuel des connaissances, il trouvera sans doute sa place un jour mais bien après les thérapeutiques actuellement utilisées.
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