SCLÉROSE en PLAQUES : Un test de biologie pour éviter l’infection cérébrale
Actualité publiée il y a 0h14mn
ECTRIMS
Le natalizumab, c’est Tysabri®, un anticorps monoclonal, un traitement prometteur de la sclérose en laques (SEP), mais qui a un handicap : il favorise le développement d’une maladie infectieuse cérébrale rare mais sévère, la leuco-encéphalopathie multifocale progressive (PML), due à au virus JC, ou JCV. Le problème posé est simple : sachant que ce traitement efficace est approuvé aux Etats-Unis et en Europe pour son efficacité, mais qu’il est primordial d’éviter aux patients traités cette infection à risque létal, il est tout autant nécessaire de disposer d’un moyen efficace de détecter et de diagnostiquer la présence du JCV chez un patient SEP recevant ce traitement.
Ce moyen existe, c’est un test de laboratoire de biologie qui détecte la présence du virus par détection des anticorps anti-JVC dans un échantillon de sérum de plasma du patient. Il s’agit d’une méthode de détection classique, la technologie ELISA, à l’origine développée en France pour la détection du VIH dans es années 1980. Cette avancée biologique a été présentée à Göteborg, en Suède, où se tient le 26e Congrès de l’ECTRIMS (European Committee for Treatment and Research in Multiple Sclerosis), le Comité européen pour le traitement et la recherche sur la sclérose en plaques.
En deux mots, ce test très simple permettrait soit de détecter à l’avance un patient SEP déjà porteur du JVC et devant suivre un traitement par le natalizumab, soit de réaliser le suivi biologique des patients sous Tysabri® par un test périodique, le suivi thérapeutique étant l’une des fonctions de la biologie médicale pour vérifier l’état de santé d’un patient sous traitement. On sait que le JCV est l’un des facteurs nécessaires au développement d’une PML.
Ce test en deux étapes, présenté par les laboratoires Elan et Biogen-Idec, qui commercialisent Tysabri® (accord de co-marketing), est actuellement en phase d’évaluation clinique chez plus de 10 000 patients. Il s’agit des études TYSABRI Global Observation Study (TYGRIS), Safety of TYSABRI Re-dosing and Treatment (STRATA) study, et JCV Antibody Program in Patients with Relapsing Multiple Sclerosis Receiving or Considering Treatment with TYSABRI (STRATIFY-1). Il s’agit de la plus importante étude clinique chez des patients SEP, qui a permis également d’évaluer la prévalence globale du portage des anticorps anti- JCV (environ 50 à 60 %) et a permis de confirmer certains des facteurs de risque de portage, tels l’âge et le sexe. Les hommes sont plus souvent porteurs que les femmes et la prévalence augmente avec l’âge, sans distinction de sexe.
A Göteborg, un poster a fait état ainsi d’une prévalence de 54 % de la positivité pour les anticorps anti-JCV dans plus de 800 échantillons de sérum provenant de patients SEP traités par natalizumab et soumis au test en ELISA. En outre dans ce groupe, 100 % des patients avec PML (20) étaient positifs pour le JCV. Il reste à déterminer si la présence ou l’absence d’anticorps doit être systématiquement prise en compte pour tenter de stratifier le risque de PML. La prévalence du portage des anticorps peut être encore plus élevée : 61 % en Suède dans un groupe de 2.772 patients SEP traités et non traités, curieusement 67 % chez des sujets non SEP…
Le natalizumab (Tysabri®) est actuellement agréé dans 45 pays, aux Etats-Unis pour la SEP récurrente, en Europe pour a SEP récurrente-rémittente. Il a montré sa capacité à réduire les épisodes de d’intensification (flare-up) et à ralentir la progression du handicap. L'essai AFFIRM de phase 3 a montré qu'à 2 ans le traitement permet une réduction relative de 68 % du taux de rechute annualisé contre placebo, et a réduit le risque relatif de progression de l'invalidité de 42 à 54 %. Dans une étude de 2 ans environ 7 patients sur 10 sous Tysabri® n'ont connu aucune, et près de 9 patients sur 10 traités ont constaté un ralentissement de la progression de l'invalidité.
Son effet indésirable le plus préoccupant est l’augmentation de la PML, une infection opportuniste, à risque létal. Le risque semble augmenter avec la durée du traitement et chez les patients ayant reçu un traitement immunosuppresseur avant de passer au natalizumab. On a encore peu de recul sur ce risque.
Source : Biogen Idec, Elan (Visuels), www.tysabri.com , traduction, adaptation, mise en ligne Maurice Chevrier, Santé log, le 19 octobre 2010