Domyleen Mer 23 Mar 2011 - 8:01
Tolérance à long terme de la mitoxantrone au sein d’une cohorte française de 802 patients atteints de sclérose en plaques: étude prospective sur 5 ans
Le Page E et collaborateurs, France. Multiple Sclerosis, Février 2011
L’objectif de cette étude était de décrire le profile de tolérance à long terme de la mitoxantrone dans l’indication de la sclérose en plaques (SEP). C’est le résultat d’un travail collaboratif entre 12 centres français particulièrement impliqués dans la prise en charge de la SEP. Lorsqu’il a été initié en 2001, 802 patients traités par mitoxantrone en raison de l’agressivité de leur SEP étaient identifiés, constituant cette large cohorte qui allait faire l’objet d’un suivi prospectif pendant une durée de 5 ans minimum, avec finalement une durée d’observation moyenne de 5 354 patient-années.308 patients avaient une forme rémittente, 352 une forme secondairement progressive et 142 une forme progressive d’emblée de la maladie. Ils étaient traités par mitoxantrone en cures mensuelles pendant 6 mois (87%) ou tous les 3 mois (13%). Une évaluation clinique et une numération de la formule sanguine étaient pratiquées avant chaque perfusion de mitoxantrone puis tous les 6 à 12 mois jusqu’à 5 ans de suivi. Une échographie cardiaque était pratiquée au début et à la fin des 6 cures puis annuellement jusqu’à 5 ans de suivi.
Un patient sur 802 (0,1%) présentait une insuffisance cardiaque aigüe et 39/794 patients (4,9%) une baisse de la fraction d’éjection du ventricule gauche au dessous de 50% mais sans conséquence clinique ressentie (anomalie persistante chez 11 (28%) et transitoire chez 27 (69%) d’entre eux ; anomalie uniquement sur le dernier contrôle à 5 ans chez un patient). Deux cas de leucémie (0,25%) induite par la mitoxantrone étaient détectés 20 mois après la première perfusion : une patiente décédait mais l’autre était traitée très rapidement et la rémission de la maladie hématologique était confirmée aux dernières nouvelles 8 ans plus tard. 17,3% des 317 femmes traitées avant l’âge de 45 ans développaient une aménorrhée persistante qui était d’autant plus fréquente que les patientes étaient âgées au moment de la mitoxantrone. Néanmoins naissaient, sur la totalité de la cohorte, 52 enfants en bonne santé.
Cette expérience française sur une large cohorte des 802 patients observés au moins 5 ans apporte une description importante des risques potentiels liés à l’utilisation de la mitoxantrone qui doit rester réservée aux formes inflammatoires actives de SEP.
The French Mitoxantrone Safety Group : Rennes, France (E. Leray, G. Edan); Besançon, France (L. Rumbach, MD); Bordeaux, France (B. Brochet, MD); Clermont-Ferrand, France (P. Clavelou, MD); Lyon, France (C. Confavreux, MD, S. Vukusic, MD); Marseille, France (J. Pelletier, MD); Nancy, France (M. Debouverie, MD, S. Pittion, MD); Nice, France (C. Lebrun, MD); Hôpital Tenon, Paris, France (B. Stankoff, MD); La Pitié-Salpétrière, Paris, France (C. Lubetzki, MD, A. Tourbah, MD); Poissy, France (O. Heinzlef, MD); Rennes, France (D. Veillard, MD); Saint Brieuc, France (M. Madigand, MD); Toulouse, France (M. Clanet, MD, D. Brassat, MD)
Ce travail a été réalisé avec le soutien financier de la Fondation ARSEP. Plusieurs des auteurs sont membres du Comité Médico-Scientifique de l’ARSEP et du Comité Interrégional Médical de la Fondation ARSEP. Les résultats vous sont résumés par les auteurs.