Le Truc en Plus:
Mardi 15 juin 2010 :
Un nouvel espoir pour les malades: les traitements par voie orale
L’époque où le diagnostic de sclérose en plaques (SEP) signifiait irrémédiablement la chaise roulante semble définitivement révolue. Quinze ans après l’arrivée des premiers traitements, de nouveaux médicaments en cours d’homologation viennent apporter l’espoir d’une vie meilleure aux malades. Le milieu médical parle même d’un véritable tournant dans le traitement de cette maladie qui touche 2,5 millions de personnes dans le monde. Mais qu’en est-il vraiment? En quoi ces molécules sont-elles révolutionnaires et que peut-on en attendre?
Une pilule au lieu de l’injection
«Le premier gros changement qu’apporteront les deux médicaments est qu’il s’agit, pour la première fois, de traitements par voie orale», relève le Dr Myriam Schluep, neurologue spécialisée dans la sclérose en plaques au CHUV. Autrement dit, des pilules remplaceront les injections. «Subir des injections, parfois quotidiennement, est très lourd pour les malades, car personne n’aime être piqué, explique le Dr Myriam Schluep. Même avec les progrès actuels, les injections font parfois mal et peuvent provoquer des réactions allergiques.» L’arrivée de comprimés améliorera ainsi la qualité de vie des patients et réduira probablement le nombre d’abandons de traitement.
Les espoirs reposent également sur l’efficacité annoncée de ces nouvelles molécules. Chez la grande majorité des malades, la sclérose en plaques évolue sous forme de «poussées»: certaines zones du système nerveux central s’enflamment soudainement, faisant apparaître de nouveaux symptômes ou aggravant les maux déjà existants. Pour bloquer l’évolution de la maladie, les traitements tendent donc à réduire le nombre de poussées.
A l’heure actuelle, les deux médicaments les plus utilisés – l’interféron bêta et l’acétate de glatiramère – permettent de diminuer le nombre de poussées d’environ un tiers. «L’efficacité est un peu meilleure quand le traitement débute très tôt», précise le Dr Myriam Schluep. Reste tout de même que sur une partie conséquente des malades, les deux médicaments n’ont que peu d’action. En plus, ils déclenchent des effets secondaires peu graves, mais tout de même désagréables, notamment des symptômes pseudogrippaux (fièvre, frissons, maux de tête, douleurs musculaires).
Un réel espoir était né en 2006, à l’apparition du natalizumab. Ce troisième produit permet de réduire de 68% le nombre de poussées. Mais un effet secondaire inattendu est survenu chez certains patients après le lancement du médicament. Des cas de leucoencéphalopathie multifocale progressive (LEMP), une maladie du système nerveux central créant des symptômes similaires à ceux de la sclérose en plaques, ont contraint les médecins à n’user de ce médicament qu’avec la plus grande vigilance. «Actuellement, nous ne l’utilisons que dans les cas où les autres traitements échouent, ou dans les formes de sclérose en plaques très agressives», précise le Dr Myriam Schluep.
Les deux molécules actuellement en cours d’homologation ont le double avantage de présenter une bonne efficacité tout en ne créant pas, pour l’heure, d’effet secondaire majeur. La cladribine, développée par le groupe Merck Serono, permet de réduire les poussées de 57%. Le fingolimod de 54%. S’ils sont homologués, les deux produits devraient arriver sur le marché suisse entre 2011 et 2012.
Vigilance de mise
Reste toutefois la question des effets secondaires à long terme. «Aujourd’hui, les études montrent que la tolérance à ces médicaments est bonne. Mais il faut absolument contrôler ce qui va se passer dans les prochaines années», insiste le Dr Myriam Schluep. Les neurologues suisses spécialisés dans la sclérose en plaques réclament notamment qu’un registre national soit tenu pour contrôler la tolérance de la cladribine et du fingolimod. Ce qui n’avait pas été fait pour le natalizumab.
Texte, 14.06.2010: Le matin.ch
Mardi 15 juin 2010 :
Un nouvel espoir pour les malades: les traitements par voie orale
L’époque où le diagnostic de sclérose en plaques (SEP) signifiait irrémédiablement la chaise roulante semble définitivement révolue. Quinze ans après l’arrivée des premiers traitements, de nouveaux médicaments en cours d’homologation viennent apporter l’espoir d’une vie meilleure aux malades. Le milieu médical parle même d’un véritable tournant dans le traitement de cette maladie qui touche 2,5 millions de personnes dans le monde. Mais qu’en est-il vraiment? En quoi ces molécules sont-elles révolutionnaires et que peut-on en attendre?
Une pilule au lieu de l’injection
«Le premier gros changement qu’apporteront les deux médicaments est qu’il s’agit, pour la première fois, de traitements par voie orale», relève le Dr Myriam Schluep, neurologue spécialisée dans la sclérose en plaques au CHUV. Autrement dit, des pilules remplaceront les injections. «Subir des injections, parfois quotidiennement, est très lourd pour les malades, car personne n’aime être piqué, explique le Dr Myriam Schluep. Même avec les progrès actuels, les injections font parfois mal et peuvent provoquer des réactions allergiques.» L’arrivée de comprimés améliorera ainsi la qualité de vie des patients et réduira probablement le nombre d’abandons de traitement.
Les espoirs reposent également sur l’efficacité annoncée de ces nouvelles molécules. Chez la grande majorité des malades, la sclérose en plaques évolue sous forme de «poussées»: certaines zones du système nerveux central s’enflamment soudainement, faisant apparaître de nouveaux symptômes ou aggravant les maux déjà existants. Pour bloquer l’évolution de la maladie, les traitements tendent donc à réduire le nombre de poussées.
A l’heure actuelle, les deux médicaments les plus utilisés – l’interféron bêta et l’acétate de glatiramère – permettent de diminuer le nombre de poussées d’environ un tiers. «L’efficacité est un peu meilleure quand le traitement débute très tôt», précise le Dr Myriam Schluep. Reste tout de même que sur une partie conséquente des malades, les deux médicaments n’ont que peu d’action. En plus, ils déclenchent des effets secondaires peu graves, mais tout de même désagréables, notamment des symptômes pseudogrippaux (fièvre, frissons, maux de tête, douleurs musculaires).
Un réel espoir était né en 2006, à l’apparition du natalizumab. Ce troisième produit permet de réduire de 68% le nombre de poussées. Mais un effet secondaire inattendu est survenu chez certains patients après le lancement du médicament. Des cas de leucoencéphalopathie multifocale progressive (LEMP), une maladie du système nerveux central créant des symptômes similaires à ceux de la sclérose en plaques, ont contraint les médecins à n’user de ce médicament qu’avec la plus grande vigilance. «Actuellement, nous ne l’utilisons que dans les cas où les autres traitements échouent, ou dans les formes de sclérose en plaques très agressives», précise le Dr Myriam Schluep.
Les deux molécules actuellement en cours d’homologation ont le double avantage de présenter une bonne efficacité tout en ne créant pas, pour l’heure, d’effet secondaire majeur. La cladribine, développée par le groupe Merck Serono, permet de réduire les poussées de 57%. Le fingolimod de 54%. S’ils sont homologués, les deux produits devraient arriver sur le marché suisse entre 2011 et 2012.
Vigilance de mise
Reste toutefois la question des effets secondaires à long terme. «Aujourd’hui, les études montrent que la tolérance à ces médicaments est bonne. Mais il faut absolument contrôler ce qui va se passer dans les prochaines années», insiste le Dr Myriam Schluep. Les neurologues suisses spécialisés dans la sclérose en plaques réclament notamment qu’un registre national soit tenu pour contrôler la tolérance de la cladribine et du fingolimod. Ce qui n’avait pas été fait pour le natalizumab.
Texte, 14.06.2010: Le matin.ch