Aujourd'hui, comme toute théorie qui n'est pas encore validée et contrôlée avec un recul d'une dizaine d'années, ceux qui se lancent dans une intervention doivent je crois tenir compte et intégrer le fait que beaucoup d'inconnues demeurent.
Pour le moment la seule chose dont on soit pratiquement sûr, avec le recul de l'étude de Zamboni et les résultats partiels de Buffalo, c'est que les malades de la SEP présentent une prévalence significative de CCSVI par rapport à des sujets sains.
Des spécialistes ont classé cette CCSVI parmi les malformations congénitales, ce qui permet de penser aussi que la CCSVI est bien une cause de la SEP, et non une conséquence, aucun modèle ne permettant par ailleurs d'expliquer comment la SEP pourrait créer des rétrécissements au niveau des jugulaires par exemple.
Première inconnue :
Peut-on affirmer que les malades de la SEP ayant été détectés sans CCSVI, n'ont pas de problèmes veineux entrainant un mauvais drainage du cerveau?
La réponse est non, et c'est bien pour cette raison également qu'un des buts de l'étude de Buffalo est de mettre au point un protocole le plus efficace possible avec les outils d'analyse les plus appropriés pour que précisément il y ait le minimum d'erreur de diagnostic, sans faux positifs ou négatifs.
Autres Inconnues :
La SEP est-elle l'unique cause de la CCSVI?
En l'état rien ne permet de le prouver, et il y a également des gens ayantt une CCSVI sans avoir de SEP..
en développeront-ils une?
Sont-ils protégés par d'autres paramètres?
le Dr Simka a émis l'hypothèse crédible que la modification du flux sanguin pourrait fragiliser la BHE. Tout reste néanmoins à prouver, en combien de temps? Y a t-il d'autres paramètres qui pourraient accélérer le processus? le déclencher?
la localisation des sténoses intervient-elle sur la course de la maladie? sur son type? (remittent ou progressif)
Un fois qu'on est parti du principe que la CCSVI est bien une des causes de la SEP, et qu'on part du postulat que de "déboucher" les veines apporte un mieux, quelle est la probabilité du mieux en question en fonction de sa propre histoire par rapport à la sep, sachant que certains dégats restent irréversibles, une connexion neuronale coupée restant coupée?
Comment le cerveau retrouve t-il sa plasticité, sa capacité de se réparer lui même dans une certaine mesure, et à quelle vitesse?
Comment l'organisme peut-il éliminer (ou pas) les dépôts de fer qui seraient occasionnés par une BHE fragilisée?
Quels sont les mécanismes de reformation des sténoses veineuses observées chez certains patients?
En résumé, il faut je crois accepter le fait que comme pionniers expérimentaux, il est impossible en l'état d'avoir aucune certitude absolue, que ce soit en terme de diagnostic pour commencer, et bien évidemment en terme de résultat d'intervention.
On peut malgré tout je crois plutôt faire confiance à des médecins ayant déja traité de nombreux cas ou qui ne font que cela, que des médecins même de bonne volonté qui n'ont pas le recul ni l'expérience nécessaire.
Ce qui permet aussi de conclure que ce ne sont pas les sujets de recherche qui manquent, pour mieux comprendre les mécanismes de la CCSVI.
Ce qui rend ancore plus honteux de mon point de vue la position d'attente en France avant d'entreprendre des recherches complémentaires.
Bonne journée,
Fred