« Morceaux choisis » Congrès annuel des patients 2010
Présentation du Professeur Catherine LUBETZKI, Présidente du Comité Médico-Scientifique de la Fondation ARSEP
Le rendez-vous scientifique de la Fondation ARSEP est devenu un rendez-vous incontournable pour tous les acteurs de la recherche sur la sclérose en plaques. Depuis quelques années maintenant, c’est un rendez-vous européen et chaque année il se tient en collaboration avec un autre pays d’Europe.
Cette réunion 2010 qui a eu lieu avec la Fédération espagnole de Recherche sur la SEP (FELEM), était une réunion très active, très chaleureuse et très intéressante avec beaucoup d’informations. D’ailleurs des projets collaboratifs franco-espagnols vont se développer.
3 exemples d’avancées actuelles majeures dans le domaine de la sclérose en plaques ont été exposées lors de cette journée :
l’épidémiologie, avec des informations importantes sur la prévalence, les modifications de l’âge de début et des ratios homme/femme ;
la neurobiologie domaine dans lequel on assiste au développement de molécules qui protègent l’oligodendrocyte ;
l’imagerie, avec le développement de nouvelles approches qui permettent une analyse plus fine des réseaux neuronaux.
EPIDÉMIOLOGIE ET SCLÉROSE EN PLAQUES
L’épidémiologie est l’étude des différents facteurs intervenant dans l’apparition des maladies, que ces facteurs dépendent de l’individu ou du milieu qui l’entoure. Il apparaît de façon claire que la sclérose en plaques est plus fréquente dans les pays dits « développés » par rapport aux pays dits en « voie de développement ». L’augmentation de la fréquence dans ces pays développés n’est pas uniquement due à un accès plus facile à la médecine ; il existe une vraie différence, possiblement liée à des conditions environnementales différentes entre les pays développés et les pays dits en voie de développement. « … »
Un travail réalisé par le Dr Agnès Fromont et le Pr Thibault Moreau montre que la prévalence de la maladie, en France, est actuellement de 94,7 patients pour 100 000 habitants, un chiffre plus élevé que celui évalué auparavant. « … »
Un élément important émanant de la communication du Pr Christian Confavreux, concerne les modifications du ratio homme-femme dans la SEP. Il y a plus de femmes atteintes que d’hommes, mais il semble que cette prédominance féminine se modifie avec le temps. « …. »
NEUROBIOLOGIE ET SCLÉROSE EN PLAQUES
Dans le système nerveux central, les axones sont entourés par une gaine de myéline qui permet une conduction rapide de l’influx nerveux. Cette gaine, synthétisée par les oligodendrocytes, est atteinte dans la SEP. Dans le système nerveux central normal, les axones, et les cellules gliales, (oligodendrocytes et astrocytes) échangent entre eux des petites molécules. Dans le système nerveux central d’un patient atteint de SEP ces interactions se modifient. « … »
IMAGERIE ET SCLÉROSE EN PLAQUES
L’imagerie par résonance magnétique, lRM, permet de voir le cerveau et la moelle épinière. L’IRM est un outil de diagnostic majeur et c’est aussi un outil de pronostic important. Dans la SEP, certains patients ont une atteinte cognitive : difficultés d’attention, de concentration, de mémoire, d’autres n’en ont pas. Pourquoi ? L’imagerie peut aider à répondre à cette question. « … » La tomographie par émission de positons permet d’évaluer la perte neuronale, puis d’analyser le lien entre cette perte neuronale et les troubles cognitifs qui peuvent survenir dans la SEP.
Fondation ARSEP – 14 rue Jules Vanzuppe – 94200 Ivry sur Seine
Tél 01 43 90 39 39 – www.arsep.org
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Présentation du Pr Thibault MOREAU,
Vice-Président du Comité Médico-Scientifique de la Fondation ARSEP.
LES TRAITEMENTS EXISTANTS
L’observation de la maladie montre que les patients traités par des immunomodulateurs, interférons ou acétate de glatiramère, évoluent plus lentement en termes de handicap et du nombre de poussée que les patients non traités. Des études à long terme sont aujourd’hui disponibles (souvent plus de 10 ans de traitement).
Par ailleurs, tous ces médicaments ne présentent aucun risque pour l’individu à long terme : pas de risque de cancer, d’infections, d’insuffisance cardiaque,… De même, la mise en place de ces traitements dès le premier événement démyélinisant permet de retarder la survenue d’une deuxième poussée de façon tout à fait significative.
Les immunomodulateurs sont donc efficaces sur la phase inflammatoire de la maladie.
Un nouvel interféron est actuellement en essai clinique. Il s’agit d’un interféron intramusculaire, injecté une fois toutes les 2 ou 4 semaines.
Au cours des 2 dernières années, des informations très importantes concernant la femme et la SEP ont été rapportées : tous les immunomodulateurs ne présentent aucun risque ni pour l’enfant à naitre (poids, âge…) ni pour la mère s’ils ont été pris au début de la grossesse. « … »
Le Tysabri® particulièrement efficace sur l’activité de la maladie, aussi bien en IRM qu’en clinique, est à réserver à des malades avec des formes agressives ou résistantes aux traitements classiques. La LEMP (Leucoencéphalopathie multifocale progressive) est due à un virus présent dans l’organisme et réactivé du fait de l’immunosuppression. Ce virus va provoquer des lésions importantes dans le système nerveux central, entrainant une encéphalite. L’incidence de la LEMP est durée-dépendante : à 2 ans de traitement, l’incidence est de 1 pour 1000, elle semble plus faible à 3 ou 4 ans. Ces données incitent à réévaluer le bénéfice/risque après 2 ans de traitement.
La Fampridine®, améliore le passage du courant dans les fibres démyélinisées. Elle concerne tous les stades de la maladie et permet aux patients d’améliorer leur durée et leur vitesse de marche avec une excellente tolérance.
LES TRAITEMENTS FUTURS
L’Alemtuzumab : bénéfices en termes de réduction de la fréquence des poussées et de progression du handicap ; Le Rituximab : dans les formes progressives aucune différence en termes de progression de la maladie.
Les médicaments par voie orale sont testés dans les essais thérapeutiques et certains seront disponibles probablement en 2011.
Concernant la Cladribine et le FTY720 (Fingolimod) ces médicaments seront probablement prescrits en 2ème intention, compte-tenu des effets secondaires. Dans le système nerveux central (SNC) circule le liquide céphalo-rachidien (LCR), qui « baigne » l’intérieur du cerveau et son environnement. Ce liquide est issu d’une filtration du réseau veineux. Il existe une connexion entre les 2 systèmes.
FOCUS SUR L’ACTUALITÉ
Insuffisance veineuse circulatoire cérébro-spinale (IVCCS) :
la circulation du LCR est ralentie d’une part dans le cerveau des malades atteints de SEP, mais également dans les veines du cou et en particulier la veine jugulaire et la veine azygos.
Hypothèse : le ralentissement veineux induirait des sténoses au niveau des veines et une incapacité du système veineux à drainer efficacement le sang du SNC provoquant des lésions.
Stratégies : agir sur les veines en mettant des stents ou en dilatant ces veines du cou afin d’améliorer la circulation veineuse, dans le but d’améliorer la SEP.
Résultats : aucune preuve d’efficacité de ces techniques ; aucun argument formel pour dire si ces approches sont un traitement curatif ou atténuant les conséquences de la SEP.
Fondation ARSEP – 14 rue Jules Vanzuppe – 94200 Ivry sur Seine
Tél 01 43 90 39 39 – www.arsep.org