jean2lyon Lun 11 Oct 2010 - 19:55
Des médecins américains ont commencé à traiter un patient avec des dérivés de cellules souches embryonnaires humaines, une première mondiale pour cette thérapie très prometteuse mais controversée. Le début de cette étude clinique a été annoncé lundi 10 octobre par la firme de biotechnologie américaine Geron Corporation, qui a obtenu le feu vert de l'autorité fédérale des médicaments en janvier 2009.
"Le début de l'essai clinique GRNOPC1 est une étape importante pour les thérapies humaines basées sur les cellules souches embryonnaires", souligne dans un communiqué le Dr Thomas Okarma, PDG de Geron. Le principal objectif de cet essai clinique, dit de phase 1, est d'évaluer la sûreté et la tolérance à ces cellules dérivées de cellules souches embryonnaires, dites GRNOPC1, chez des personnes paralysées à la suite d'une lésion à la moelle épinière. Les participants à cette étude doivent avoir subi leur blessure récemment et recevoir les GRNOPC1 dans une période de moins de 14 jours, précise Geron.
L'objectif de cet essai est d'injecter ces cellules dans l'espoir qu'elles puissent régénérer les cellules nerveuses endommagées et, éventuellement, permettre à la personne de retrouver la sensibilité et la capacité de se mouvoir. Les cellules souches embryonnaires sont les seules cellules de l'organisme qui ont la capacité de se multiplier sans limite et de devenir n'importe quel type de cellules du corps, présentant de ce fait un énorme potentiel pour traiter, outre des lésions de la moelle épinière, des maladies incurables comme Parkinson ou encore le diabète. Le plus grand défi pour les chercheurs est d'obtenir que ces cellules souches "se différencient" pour devenir les cellules qu'ils souhaitent obtenir, sans prendre le risque de se transformer en cellules indésirables comme des tumeurs cancéreuses.
DÉBAT ÉTHIQUE
Mais la recherche et l'utilisation de ces cellules souches est controversée car elles sont prélevées sur l'embryon humain au premier stade de son développement, entraînant sa destruction. Des groupes religieux et des hommes politiques conservateurs s'y opposent. Une action en justice avait abouti en août à la décision d'un juge fédéral de geler les fonds fédéraux alloués à la recherche sur ces cellules. Toutefois, cette décision a été suspendue début octobre, permettant la poursuite de ces travaux le temps que la cour d'appel statue. Dans un décret en mars 2009, le président Barack Obama avait levé les restrictions sur l'utilisation de fonds publics imposées par l'administration Bush en 2001.
Ce problème éthique pourrait être contourné grâce à une nouvelle méthode dévoilée fin septembre et jugée prometteuse pour reprogrammer des cellules souches humaines adultes de l'épiderme, qui deviennent alors identiques aux cellules embryonnaires.
Source : Le monde (sur le net) du 11 octobre 2010