Le Point.fr - Publié le 13/01/2011 à 16:06
MEDIATOR - Servier accusé d'avoir manipulé une étude ?
Selon un professeur de cardiologie, le laboratoire aurait modifié son évaluation du médicament afin d'en maintenir la commercialisation.
Un cardiologue affirme que le laboratoire Servier a manipulé son rapport sur le Mediator
Le Point.fr Un rebondissement de plus dans l'affaire du Mediator. Le professeur Bernard Iung, cardiologue, affirme que le laboratoire Servier a dénaturé, en 2009, un rapport sur le médicament Mediator et ses risques cardiaques afin d'en poursuivre la vente. L'antidiabétique du laboratoire Servier, également utilisé comme coupe-faim, serait responsable, selon des études officielles, de 500 à 2.000 décès en France entre 1976 et 2009, date de son interdiction.
Le professeur Iung, payé 5.000 euros par Servier pour évaluer le produit mis de longue date en doute, avait analysé 45 cas de valvulopathies, une affection cardiaque, chez des patients prenant du Mediator. Il explique dans Libération avoir conclu que 12 des 17 cas les plus graves pouvaient être liés au médicament. Pour 15 cas moins graves, il parlait d'une implication possible dans dix cas. Il assure avoir ensuite réalisé que le laboratoire avait modifié la présentation écrite de son rapport à l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) pour y inclure l'idée que les propositions de Servier de maintenir la commercialisation étaient "adéquates".
Défense
"J'ai revu la présentation à la dernière minute et je n'y ai pas prêté attention. J'étais focalisé sur l'exactitude des chiffres", explique le professeur Iung. Il admet cependant avoir lu la phrase en question lors de son exposé, même s'il n'y croyait pas. "Je ne peux pas dire que je n'ai pas dit ça, mais je peux dire que ce n'était pas mon sentiment", ajoute-t-il. La commercialisation du Mediator a été suspendue après cette présentation, puis interdite.
Dans un communiqué, Servier dit : "Contrairement à certaines interprétations, la modification, loin de chercher à minorer les risques éventuels, jugeait adéquates deux surveillances du médicament, alors que la version initiale n'en jugeait adéquate qu'une seule." Servier assure qu'il ne s'est "jamais opposé au retrait du médicament décidé par l'Afssaps en 2009 (mais a) seulement estimé nécessaire d'envisager l'ensemble des hypothèses et notamment la balance bénéfice-risque".
Une centaine de plaintes sont aux mains du parquet de Paris qui a ouvert une enquête préliminaire en décembre. Selon Le Canard enchaîné, deux médecins liés financièrement à Servier étaient conseillers du ministre de la Santé Xavier Bertrand, en 2006, quand ce dernier a prorogé le remboursement du Mediator par la Sécurité sociale, malgré des études concluant à son inutilité thérapeutique. Le ministre assure qu'il ne le savait pas. La gauche presse la majorité de faire toute la lumière sur le maintien du Mediator sur le marché.
MEDIATOR - Servier accusé d'avoir manipulé une étude ?
Selon un professeur de cardiologie, le laboratoire aurait modifié son évaluation du médicament afin d'en maintenir la commercialisation.
Un cardiologue affirme que le laboratoire Servier a manipulé son rapport sur le Mediator
Le Point.fr Un rebondissement de plus dans l'affaire du Mediator. Le professeur Bernard Iung, cardiologue, affirme que le laboratoire Servier a dénaturé, en 2009, un rapport sur le médicament Mediator et ses risques cardiaques afin d'en poursuivre la vente. L'antidiabétique du laboratoire Servier, également utilisé comme coupe-faim, serait responsable, selon des études officielles, de 500 à 2.000 décès en France entre 1976 et 2009, date de son interdiction.
Le professeur Iung, payé 5.000 euros par Servier pour évaluer le produit mis de longue date en doute, avait analysé 45 cas de valvulopathies, une affection cardiaque, chez des patients prenant du Mediator. Il explique dans Libération avoir conclu que 12 des 17 cas les plus graves pouvaient être liés au médicament. Pour 15 cas moins graves, il parlait d'une implication possible dans dix cas. Il assure avoir ensuite réalisé que le laboratoire avait modifié la présentation écrite de son rapport à l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) pour y inclure l'idée que les propositions de Servier de maintenir la commercialisation étaient "adéquates".
Défense
"J'ai revu la présentation à la dernière minute et je n'y ai pas prêté attention. J'étais focalisé sur l'exactitude des chiffres", explique le professeur Iung. Il admet cependant avoir lu la phrase en question lors de son exposé, même s'il n'y croyait pas. "Je ne peux pas dire que je n'ai pas dit ça, mais je peux dire que ce n'était pas mon sentiment", ajoute-t-il. La commercialisation du Mediator a été suspendue après cette présentation, puis interdite.
Dans un communiqué, Servier dit : "Contrairement à certaines interprétations, la modification, loin de chercher à minorer les risques éventuels, jugeait adéquates deux surveillances du médicament, alors que la version initiale n'en jugeait adéquate qu'une seule." Servier assure qu'il ne s'est "jamais opposé au retrait du médicament décidé par l'Afssaps en 2009 (mais a) seulement estimé nécessaire d'envisager l'ensemble des hypothèses et notamment la balance bénéfice-risque".
Une centaine de plaintes sont aux mains du parquet de Paris qui a ouvert une enquête préliminaire en décembre. Selon Le Canard enchaîné, deux médecins liés financièrement à Servier étaient conseillers du ministre de la Santé Xavier Bertrand, en 2006, quand ce dernier a prorogé le remboursement du Mediator par la Sécurité sociale, malgré des études concluant à son inutilité thérapeutique. Le ministre assure qu'il ne le savait pas. La gauche presse la majorité de faire toute la lumière sur le maintien du Mediator sur le marché.