Info, "Le Monde":
Le Tramadol, un antidouleur sous surveillance
LEMONDE.FR | 25.01.12
L'inquiétude grandit au sujet de l'antidouleur Tramadol, qui remplace le Di-Antalvic.D.R.
L'inquiétude grandit au sujet du Tramadol, un antidouleur qui remplace le très populaire Di-Antalvic retiré du marché le 1er mars 2011, et dont les ventes ont augmenté d'environ 30 % en un an. La molécule fait l'objet d'une surveillance de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), selon Le Parisien mercredi, dont les résultats doivent être connus dans les prochains jours.
Outre des effets secondaires susceptibles d'être très graves – vomissements, confusion, agitation, troubles du sommeil... –, ce dérivé de l'opium, qui existe dans le générique et dans d'autres médicaments (Topalgic, Ixprim, Contramal, etc.), peut entraîner une accoutumance importante, nécessitant une prise en charge médicale pour le sevrage. La revue Prescrire note aussi, en janvier 2011, des effets secondaires de type convulsions, hypoglycémies et des interactions médicamenteuses.
"Il y a deux problèmes importants avec le tramadol : il peut y avoir un problème d'abus, d'effet recherché particulier, mais également un problème à l'arrêt du traitement", a analysé Nathalie Richard, responsable du département stupéfiants et psychotropes à l'Afssaps. "Pour l'instant, en termes d'abus et de dépendance, ce n'est pas alarmant", a-t-elle tempéré. "Les données dont on dispose actuellement ne justifient pas un retrait", a-t-elle estimé.
USAGE DÉTOURNÉ
"En 2010, nous avons recensé sept décès par overdose de Tramadol chez des toxicomanes, alors qu'il n'y en avait pas jusqu'à 2007", précise-t-elle cependant. Cet usage détourné fait des ravages au Moyen-Orient, à Gaza en particulier, où près d'un habitant sur deux consommerait du Tramadol.
Dix-sept laboratoires commercialisent des spécialités à base de tramadol, seul ou associé au paracétamol.
A la suite d'une décision, en juin 2009, de l'Agence européenne d'évaluation des médicaments (EMEA), le Di-Antalvic, disponible en France depuis 1964 sur prescription médicale, et tous ses génériques ont été progressivement retirés du marché dans l'ensemble de l'Union européenne. Ces spécialités avaient la particularité d'associer un antalgique (le paracétamol) et un opiacé (le dextropropoxyphène ou DXP). Selon l'EMEA, cette association ainsi que le DXP seul présentaient une balance bénéfices/risques largement défavorable.
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