Cercle Finance le 26/08/2016 à 16:110
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(CercleFinance.com) - Débuts en Bourse difficiles pour GeNeuro. Introduit en avril dernier sur Euronext Paris à un cours de 13 euros, le titre de la société biotechnologique genevoise s'échange désormais autour de 7,3 euros, en dépit de son entrée sur l'indice de référence CAC Mid & Small et du soutien de plusieurs analystes (SG, Bryan Garnier,...). Jesus Martin-Garcia, le PDG et co-fondateur de l'entreprise, revient avec Cercle Finance sur ce baptême du feu compliqué.
Cercle Finance: Malgré une actualité encourageante, votre titre affiche une baisse de presque 40% depuis son introduction. N'êtes-vous pas trop déçu de ces premiers bas en Bourse?
Jesus Martin-Garcia: Personne ne peut être satisfait de voir le cours de l'action baisser, mais nous sommes en route pour atteindre les objectifs qui avaient été annoncés lors de notre introduction, ce qui reste la meilleure des manières pour garantir à terme la satisfaction de nos actionnaires. Il faut également rappeler que la Bourse peut parfois mettre du temps à réaliser la valeur intrinsèque d'une entreprise, particulièrement dans un contexte économique mouvementé.
CF: Pouvez-vous nous en dire plus sur l'approche 'disruptive' de GeNeuro louée par certains analystes?
JM-G: GeNeuro développe le composé GNbAC1, premier candidat-médicament utilisé en phase clinique ciblant directement une cause potentielle de la sclérose en plaques (SEP). Il s'agit d'un anticorps monoclonal visant à neutraliser la MSRV-ENV, une protéine dont les effets toxiques semblent être clés à la fois sur les composantes inflammatoires et sur les effets neurodégénératifs de la maladie. En bloquant l'effet de MSRV-ENV, le GNbAC1 pourrait bloquer à la source des composantes inflammatoires de la maladie et restaurer la capacité de remyélinisation du cerveau. Une action qui pourrait être déterminante pour arrêter la progression de cette maladie.
Alors que les traitements de la SEP ont aujourd'hui pour cible le système immunitaire du patient, en vue de réduire le nombre de crises inflammatoires, aucun médicament n'a démontré d'impact déterminant sur la progression du handicap à long terme, en particulier dans les formes progressives de la maladie. En bloquant en amont un facteur toxique commun à toutes les formes de SEP et potentiellement clé dans les causes de la maladie, nous voulons ouvrir une nouvelle voie thérapeutique pour les patients.
CF: Vous avez démarré au mois de mai un essai clinique de phase IIb. Quand les résultats de cette étude sont-ils attendus?
JM-G: L'essai 'Change-MS' est une étude clinique en double aveugle contre placebo. Elle prévoit le recrutement de 260 patients au travers de 69 centres cliniques situés dans 13 pays européens. Les premiers résultats de l'étude sont attendus au quatrième trimestre 2017.
Cette étude est entièrement financée par un partenariat avec Servier de 362,5 millions d'euros signé en 2014. Il s'agit d'un accord qui porte uniquement sur la SEP et qui ne concerne ni le marché américain (marché le plus important au monde) ni le marché japonais. GeNeuro préserve ainsi tous ses droits sur les deux-tiers du marché mondial de la sclérose en plaques, et conserve les droits pour le développement de sa technologie pour d'autres maladies.
CF: Avez-vous déjà une idée sur le calendrier de phase III?
JM-G: L'évolution est conforme au plan de marche présenté lors de notre introduction en Bourse concernant le GNbAC1 dans l'indication de la sclérose en plaques. En obtenant les premiers résultats de l'étude de Phase IIb Change-MS fin 2017 et, sur la base de résultats positifs, nous pourrions lancer une ou plusieurs études de phase III dans différentes formes de SEP courant 2018.
CF: De grands laboratoires pharmaceutiques mondiaux ont récemment annoncé l'échec de molécules qui en étaient à un stade avancé de leur développement. Votre approche 'novatrice' peut-elle s'appliquer à d'autres maladies auto-immunes?
JM-G: Depuis l'arrêt du développement d'anti-LINGO-1de Biogen, le GNbAC1 est le seul traitement de fond proposant une alternative à l'approche actuelle contre la SEP, qui consiste à réduire l'activité du système immunitaire des patients.
Notre approche résulte de 25 années de recherches sur les rétrovirus endogènes humains (HERV), dont 15 au sein de l'Institut Mérieux et de l'Inserm, avant la création de GeNeuro en 2006. Les HERV sont des restes de rétrovirus qui ont contaminé nos ancêtres et se sont intégrés dans l'ADN humain, où ils représentent aujourd'hui 8% de notre génome! L'expression de certaines de ces protéines ancestrales pourrait expliquer plusieurs maladies, notamment auto-immunes. C'est pourquoi, comme annoncé lors de l'IPO, nous planifions de lancer prochainement des études de phase IIa dans d'autres indications, telles que le diabète de type 1. Plus généralement, GeNeuro poursuit ses recherches dans le domaine des HERV afin de maximiser le potentiel thérapeutique de sa technologie.
CF: Quelles actualités faut-il attendre sur le court terme?
JM-G: Nous présenterons en septembre à l'occasion de l'ECTRIMS (European Committee for Treatment and Research in Multiple Sclerosis) les détails de l'essai de phase IIb CHANGE-MS en cours et ferons le point sur le niveau de recrutement de patients, qui a démarré en mai. D'ici à la fin de l'année, nous devrions aussi avoir l'autorisation de la FDA (IND) pour l'ouverture de centres pour un essai clinique contre la sclérose en plaques aux Etats-Unis. Enfin, comme annoncé lors de l'IPO, nous lancerons avant la fin de l'année de nouvelles études cliniques contre d'autres maladies auto-immunes, comme le diabète de type 1.
CF: Vous avez levé 33 millions d'euros en entrant sur Euronext. Un autre appel au marché est-il envisageable à terme?
JM-G: Au 30 juin dernier, nous disposions d'une trésorerie de 42,4 millions d'euros due en grande partie aux fonds levés lors de notre introduction en Bourse. Cette solide position de trésorerie nous permet de poursuivre de front les différents objectifs que nous nous sommes fixés. Par ailleurs, l'accord de partenariat signé avec Servier pour la SEP prévoit des versements échelonnés à GeNeuro jusqu'à un total de 362,5 millions d'euros, le financement d'un essai clinique global de Phase III pour la SEP et des redevances sur les futures ventes sur les territoires couverts par Servier (hors Etats-Unis et Japon). En conséquence, nous ne prévoyons pas à ce jour de faire de nouveau appel au marché pour la réalisation de nos projets.