Fred1208 Mar 17 Nov 2015 - 12:10
Malgré les attentats ayant frappé Paris, la conférence sur le climat (COP21) débutera comme prévu dans deux semaines (30 novembre-11 décembre) au Bourget près de Paris. Son objectif ? Parvenir, six ans après le rendez-vous manqué de Copenhague, à un accord "contraignant" pour limiter à 2 degrés le réchauffement planétaire.
Le succès de la conférence sur le climat (COP21) est loin d'être acquis. ( AFP/Archives / DOMINIQUE FAGET / STF )
Près de 120 chefs d’État — dont les leaders des principaux pays émetteurs de gaz à effet de serre, l'Américain Barack Obama, le Chinois Xi Jinping, l'Indien Narendra Modi et les dirigeants européens — donneront le coup d'envoi de la 21e conférence climat de l'ONU (sur 195 pays représentés au total). Une situation inédite qui confirme la prise de conscience au plus haut niveau des enjeux liés au dérèglement climatique.
En évitant cependant les sujets qui fâchent, les principaux dirigeants de la planète ont dit lundi leur "détermination" à respecter l'objectif de limiter le réchauffement climatique à 2°C, et à éviter l'échec de la conférence de Paris dans deux semaines. "Le changement climatique est l'un des défis les plus grands de notre temps", ont affirmé lundi les pays du G20. "Nous reconnaissons que 2015 est une année décisive".
Parallèlement aux engagements volontaires des pays à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, source du réchauffement, le futur accord doit fixer pour les 20 à 30 prochaines années un cadre général et contraignant. "Je ne vais pas vous dire qu'un accord global sera la solution miracle qui puisse éliminer la menace posée par le changement climatique", a cependant estimé il y a quelques jours, le secrétaire d’État américain, John Kerry, "mais la vérité est qu'on ne l'éliminera pas sans".
Montant des aides aux pays en développement, contribution financière des pays émergents, objectif global de long terme de réduction des émissions, mécanisme pour revoir à la hausse les engagements nationaux : les pourparlers ont buté tout au long de 2015 sur tous ces points. A Paris, il faudra absolument trouver des compromis, un accord de ce type nécessitant un consensus. "Si nous échouons" cette fois à conclure un accord ambitieux "il sera difficile de créer le même élan" à l'avenir, a confié à l'AFP la négociatrice japonaise Aya Yoshida.
Pour Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères qui présidera les débats, "plusieurs raisons objectives peuvent faire un succès de cette conférence : le phénomène s'est aggravé, la prise de conscience a progressé, le débat scientifique (sur le réchauffement) est tranché, et les USA et la Chine ont viré leur cuti".
Contrairement à 2009, Pékin et Washington, responsables d'environ 40% des émissions, affichent leur détermination à sceller un accord. Celui-ci doit prendre en 2020 le relais du protocole de Kyoto, qui ne concerne plus que 15% des émissions mondiales (les États-Unis ne l'ont pas ratifié, les pays émergents ne sont pas concernés).
Une source européenne a elle relaté des débats laborieux, qui ont donné l'impression que les pays industrialisés d'un côté, et les pays émergents de l'autre, emmenés par l'Inde et l'Arabie saoudite, "ne vivaient pas sur la même planète". La question du financement de la lutte contre le réchauffement pose notamment question.
La COP21 doit aussi décider de mesures pour agir davantage d'ici 2020. Car le temps presse : la température mondiale a déjà gagné près de 1°C depuis l'ère pré-industrielle - comparé à l'objectif de la communauté internationale de limiter le réchauffement à 2°C - et les gaz à effet de serre une fois émis restent dans l'atmosphère. Hausse de 20 centimètres du niveau des océans depuis 1900, multiplication des évènements météo extrêmes, fonte accélérée des glaciers et modification de la répartition des espèces (poissons notamment): les conséquences sont déjà visibles sur tous les continents.
Mais selon les scientifiques, le pire est à venir si des changements radicaux ne sont pas entrepris. Pour rester sous les 2°C, il faudrait réduire de 40 à 70% les émissions d'ici 2050, ce qui implique une transition majeure vers des modèles bas carbone, alors que les énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz), assurent 80% de la production mondiale d'énergie. Il faudra aussi agir à grande échelle sur l'agriculture et la déforestation (un quart des émissions).
"L'accord de Paris doit être une dynamique qui s'enclenche et accélère les transformations déjà à l'oeuvre", estime Pascal Canfin du World Resources Institute. Aujourd'hui, 160 pays représentant 90% des émissions ont annoncé des engagements volontaires jusqu'en 2025 ou 2030, insuffisants pour respecter le 2°C.
Notations des engagements de réduction des gaz à effet de serre par le CAT.
Notations des engagements de réduction des gaz à effet de serre par le CAT. ( AFP / P. Dere / A. Bommenel / V.Bresch, sim/gil/pld )
Après les attentats de vendredi - 129 personnes tuées et 350 blessées - la France, forcée de renforcer sa sécurité, a indiqué que certaines manifestations parallèles aux négociations seraient annulées. "Ce sera sans doute réduit à la négociation", a expliqué lundi Manuel Valls.
Les représentants des ONG organisatrices des manifestations doivent être reçus mardi par le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, futur président de la COP. John Kerry a affirmé ce mardi, à l'issue d'un entretien avec le président François Hollande, que la tenue de la COP21 à Paris, après les attentats meurtriers dans la capitale française, montrera que "personne ne peut interrompre les affaires de la communauté internationale".