par Sylvie Tuslanes, lundi 5 mars 2012, 21:08 ·
TRAITEMENTS ÉTABLIS SELON LA NEUROLOGIE: ET LA PHLÉBOLOGIE?.
Le traitement de la sclérose en plaques relève d’une prise en charge multidisciplinaire (médecin, kinésithérapeute, psychologue, assistante sociale…). La prescription médicamenteuse vise à améliorer la qualité de vie quotidienne du patient et à ralentir l’évolution de l’affection.
STRATÉGIE THÉRAPEUTIQUE
Il n’existe pas de traitement proprement curatif de la SEP.
Depuis une décennie, des stratégies thérapeutiques destinées à contrer ou à ralentir le processus de démyélinisation et d’inflammation constituent des options proposées aux patients sévèrement atteints. Outre le traitement propre aux poussées aiguës, il reste classique de distinguer les approches thérapeutiques en fonction du type de SEP : rémittente-récurrente ou progressive.
1) POUSSÉES AIGUËS: CORTISONE.
Si les présentations peu symptomatiques et/ou brèves ne justifient pas de traitement, les présentations plus sévères ou prolongées justifient une corticothérapie, réalisée souvent par voie IV à l’hôpital, ou, de plus en plus, par l’intervention d’une infirmière à domicile. Le traitement n’a pas d’intérêt préventif et n’influence pas l’évolution de la maladie.
Quelle que soit la sévérité de la poussée aiguë, un suivi neurologique s’impose, avec traitement symptomatique éventuel, kinésithérapie si besoin et initiation ou adaptation du traitement de fond au vu du bilan neurologique et radiologique.
Le traitement des poussées sévères de SEP se réduit à la corticothérapie et a pour objectif d’atténuer les symptômes. Si n’importe quel corticoïde peut en théorie être utilisé, la méthylprednisolone (SOLU-MÉDROL), administrée en IV à la dose de 0,5 g à 1 g/j pendant 3 à 5 jours (ou équivalent), est privilégiée. Le traitement est instauré par voie veineuse en bolus, c'est à dire à fortes doses mais sur une durée brève.
Il ne faut pas négliger l'effet euphorisant des corticostéroides pouvant entraîner un phénomène de dépendance. Outre l'amélioration de leur état physique, les patients éprouvent un état de bien-être qui disparaît à l'arrêt du traitement. Ils interprètent souvent ce phénomène comme une récidive de leur poussée et demandent à reprendre des corticostéroides. Il faut savoir que le même processus se reproduira dès l'arrêt de la seconde cure et que le risque de ne plus vouloir ou parfois même de ne plus pouvoir interrompre la prise de cortisone devient de plus en plus important.
Les avis restent partagés sur la nécessité de prolonger ce traitement par la prise à doses dégressives de cortisone en comprimés. Aujourd'hui un relais par voie orale n’est pas systématique et n’a pas prouvé sa pertinence.
Il est rapidement apparu que la cortisone pouvait provoquer des complications à long terme et que son emploi devait être limité dans le temps. L'utilisation prolongée de cortisone peut provoquer de nombreuses complications parmi lesquelles :
-une rétention d'eau (oedème),
-une perte de potassium (responsable de troubles du rythme cardiaque),
-une fonte musculaire,
-une décalcification du squelette,
-une diminution de la résistance aux infections,
-des perforations d'ulcères gastriques,
-de l'hypertension artérielle,
-la décompensation d'un prédiabète,
-troubles du sommeil (insomnie),
-excitation,
-virage maniaque etc...
L'utilité des corticostéroides a été longtemps contestée mais des essais cliniques en aveugle et contre placebo ont prouvé que dans l'ensemble ils réduisent la durée et les séquelles IMMEDIATES des poussées. Il s'est avéré cependant qu'à LONG terme, c'est à-dire avec un recul de trois à six mois, l'état neurologique des patients traités et non-traités ne présente PAS de différences statistiquement significatives.
Ces observations confirment une notion vieille de plus de vingt-cinq ans selon laquelle la prise régulière de cortisone pendant des mois et même des années n'exerce aucune influence favorable sur l'évolution à long terme de la maladie, bien au CONTRAIRE.
Par contre, il faut rappeler les résultats surprenants d'une étude récente montrant que l'injection de hautes doses intraveineuses de methylprednisolone pendant quelques jours chez des patients présentant une névrite optique comme seul signe clinique semble retarder l'apparition de signes neurologiques ultérieurs et donc de leur conversion en SEP confirmée.
SOLU-MÉDROL 0,5 ou 1 Gramme, injectable:
Indication:
Les corticoïdes synthétiques, incluant le Solumédrol, sont utilisés principalement pour leur effet anti-inflammatoire. Mais ici, à forte dose, ils diminuent la réponse immunitaire. Les indications sont celles de la corticothérapie générale, lorsque des posologies élevées sont nécessaires, en particulier :
- Manifestations extrarénales de certaines maladies systémiques telles que lupus érythémateux disséminé, en cas d'échec de la corticothérapie à dose conventionnelle.
- Traitement d'attaque de certaines glomérulopathies associées ou non à une maladie systémique, en cas d'échec d'un traitement usuel.
-Certaines VASCULARITES NÉCROSANTES en association éventuelle aux échanges plasmatiques.
-Transplantation d'organe et de cellules souches hématopoïétiques allogéniques :
traitement du rejet de greffe ;
traitement de la réaction du greffon contre l'hôte.
- Manifestations aiguës de la polyarthrite rhumatoïde en cas d'échec du traitement usuel, et de la corticothérapie à dose conventionnelle.
-Certains purpuras thrombopéniques immunologiques très sévères.
-SCLÉROSE EN PLAQUES EN POUSSÉES.
On utilise donc les propriétés anti-inflammatoires et immunosuppressives du solu-médrol. Celles-ci sont mises à profit pour réduire l'inflammation et les réactions hyperimmunitaires présentes, on le sait, au niveau des plaques actives étroitement associées aux poussées.
IVCC: " Il est dit que la cortisone semble également restaurer l'étanchéité des vaisseaux cérébraux (BHE), compromise au niveau des foyers d'inflammation. Elle est utilisée en cas de vascularites et il ne serait pas étonnant qu'elle réduise les poussées en adoptant l'incidence veineuse sur les troubles neurologiques. ADOPTONS, c'est ce que l'on demande!"
De plus, il me semble opportun ici de relater une étude qui m'a interpellée et se révèle d'un intérêt certain surtout pour ceux d'entre vous qui suivent un traitement par bolus de cortisone. Ne dit on pas, un patient averti en vaut deux ? :
Le cas de la sclérose en plaques est particulièrement instructif pour comprendre le rôle du vasospasme dans de multiples troubles neurologiques, l'expérience de la sclérose en plaques montrant que ces syndromes neurologiques sont souvent multifactoriels. La composante vasculaire semble pouvoir exister comme seule cause de la maladie chez certains patients, tandis qu'elle peut être un TROUBLE CONCOMITANT pour d'autres, ce qui pourrait expliquer les différences de réponses aux angioplasties, entre parenthèse. L'expérience clinique ci dessous semble pertinente et appuyer un lien entre les anomalies vasculaires et neurologiques.
Pratiquement tous les patients diagnostiqués Sclérose En Plaques montrent un vasospasme au Doppler transcrânien.
Le vasospasme (Angiospasme) est un spasme, une contraction passagère entraînant une diminution de calibre d'un vaisseau. La cause du vasospasme est le plus souvent un phénomène réflexe qui entraîne une diminution de la vascularisation dans un territoire vasculaire, aboutissant au final à une souffrance du tissu dans le secteur spasmé.
Le traitement VASODILATATEUR permet le plus souvent de lever le spasme. Un vasodilatateur, est une substance possédant des capacités de dilatation c'est-à-dire d'agrandissement du calibre des vaisseaux.
-Environ un tiers de ces patients ont une amélioration spectaculaire, y compris l'amélioration des plaques à l'IRM, avec des médicaments pour contrôler le vasospasme (Vasodilatateurs). Aucun de ces patients ont eu des rechutes tant qu'ils sont restés sur leurs médicaments vasodilatateurs et toutes les anomalies ont disparues durant la surveillance continue pendant les périodes cliniquement asymptomatiques.
-Un deuxième tiers suggère que le déficit neurologique est une combinaison d'une lésion vasculaire et d'attaque directe sur le système nerveux. Ces patients, pendant les crises aiguës, ont eu une amélioration significative du fonctionnement neurologique avec réduction du vasospasme identifié à l'échographie. Cependant, ils ont continué d'avoir de nouveaux déficits neurologiques du à la nouvelle attaque sur le système nerveux. Ces déficits ont nécessité des thérapies alternatives telles que les corticostéroïdes (cortisone) pour les traiter. La surveillance a été accrue chez ces personnes sachant que la cortisone elle-même pourrait causer un VASOSPASME. Les Stéroïdes (Cortisone) ont des effets complexes et multiples sur le système nerveux, certains de leurs effets peuvent augmenter le fonctionnement neurologique et l'efficacité de l'activité, améliorant ainsi cliniquement un patient, alors même que le VASOSPASME concomitante aggrave la blessure neurologique sous-jacente. Ces patients subissaient probablement une attaque auto-immune à la fois sur le système vasculaire et le système nerveux. Le degré de dysfonction résiduelle, qui, parfois, a continué à progresser en dépit du contrôle réussie du VASOSPASME, suggère que l'attaque auto-immune a continué sur le système nerveux. Leur évolution clinique, cependant, suggère également que l'attaque auto-immune sous-jacente sur le système nerveux a été aggravée par une ischémie permanente provoquée par une attaque concomitante sur les vaisseaux sanguins. C'est cet aspect de la maladie vasculaire qui a été modifiée.
-Le troisième groupe a eu un contrôle efficace du VASOSPASME, mais sans amélioration clinique significative. Le cours du temps et des progrès de la crise aiguë a continué sans aucun changement clinique significatif. Cela donne à penser qu'il y avait une attaque concomitante d'anticorps dans les vaisseaux sanguins, lorsque le VASOSPASME a été identifié sur les ultrasons, mais que ce n'était pas un VASOSPASME cliniquement significatif.
IVCC: «En résumé, la vasodilatation diminuerait les symptômes neurologiques. Il semble logique qu'un cerveau mal oxygéné par un débit sanguin réduit cherche à adapter ses apports en oxygène. Hors il peut moduler le volume de sang, de perfusion en dilatant les vaisseaux. Toute la subtilité étant qu'il protège ainsi ses neurones de l'hypoxie mais que des symptômes cliniques apparaissent alors tels que douleurs névralgiques, migraines etc...dus à la dilatation des vaisseaux. Mais si la Cortisone soulage instantanément ces crises par vasoconstriction, elle prive d'autant plus les neurones d'oxygène en rétrécissant le calibre des vaisseaux. On se sent mieux mais les neurones sont d'autant plus en souffrance et il y a perte conséquente de capacité. Un cercle vicieux pas très en faveur des traitements par cortisone mais qui souligne encore une fois l'interaction vaisseaux-neurones.
Conclusion: un médicament qui semble te soigner ce jour empire peut être sournoisement la maladie dans le temps.»